Par Jean-Marie Bélanger
Depuis la mi-octobre je repousse le moment de vous partagez un bilan de l’été 2024. Aujourd’hui c’est une bonne journée. Qui sait? Peut-être vais-je vous donner envie de venir faire de la voile sur l’Outaouais cet été!

Nos voiliers sont sortis de l’eau depuis la mi-octobre. C’est l’hiver au Canada. Voilà que je recommence à avoir des fourmis dans les gants et les souliers antidérapants pour préparer la prochaine saison sur l’eau!
Parce que bien oui, après avoir créé un beau succès avec notre entreprise familiale de traîneau à chiens, j’ai décidé de retourner vers une autre de mes passions - un autre mode de vie que j’avais mis de côté depuis que Nathalie et moi avons fondé notre famille - la navigation à la voile.
Cette fois, c’est surtout accompagné de Justine, ma fille âgée de 14 ans (maintenant 15!) que je partage ces aventures. Elle qui a décidé de mettre son pied sur le pont de son voilier Sangria et le mien aussi de temps en temps.

D’autres membres de la famille et des amis se sont joints à nous dans nos expériences, nos excursions et nos explorations! Je suis plein de gratitude et je trouve ça génial de voir comment une passion devient des moments partagés et des discussions enflammées!
L’été 2024 aura donc été une super saison de voile familiale sur quillard. Sur la rivière des Outaouais et le lac des Deux-Montagnes. Seul, avec Justine, Nathalie, des amis et des membres de la famille en couvrant plus de 550 km en 25 jours. C’est l’équivalent d’un road trip sur l’eau - aller-retour et pas trop vite - entre Gatineau/Ottawa et Montréal.

J’ai envie de vous raconter quelques histoires de débutants. La voile, comme le traineau à chiens, ça peut paraître bien compliqué au début mais ça commence souvent dans la simplicité, la curiosité, un esprit d’aventure et l’humilité aussi!
Pour notre famille, on dira toujours que la meilleure façon d’apprendre à nager c’est de sauter à l’eau!
1, 2, 3… GO!


L’été 2024 a commencé par une énorme perte de temps. Essayer de préparer tous les bateaux pour qu’ils soient parfaits. Frotter, cirer, poncer, vernir, réviser la plomberie, la charpente, le gréement ou la fibre de verre…
J’adore faire ça - j’ai déjà travaillé quelques années pour un constructeur de bateaux… Cependant, tout ce temps passé sur les bateaux en cale sèche repousse à plus tard les moments sur l’eau à naviguer.
Erreur classique. Rien ne sera jamais parfait sur un voilier et plusieurs tâches peuvent être accomplies quand le voilier est sur l’eau… en mai, les voiliers vont dans l’eau!
Perte financière aussi. Les marinas sont ouvertes au Québec du mois de mai au mois d’octobre. Nous réservons et payons pour la saison, pas au mois.
Bref, dans sa grande sagesse, Nathalie m’a convaincu de mettre notre premier quillard à l’eau à temps pour notre anniversaire de mariage fin juillet. Ça s’appelle un deadline ou un ultimatum!
Choisir le voilier le plus prêt à la mise à l’eau. Choix facile. La belle Sangria à Justine était prête depuis bien longtemps (et Justine aussi!)! Allez hop! Sangria à l’eau et à son quai!


Août 2024, après 25 ans de mariage et la promesse d’être le skipper du voilier sur lequel on allait naviguer, c’est aussi le moment de respecter un autre engagement que j’ai pris envers Nath.
Aller rafraîchir mes techniques et mes connaissances en voile quillard dans une école de voile reconnue.

Justine et moi partons pour l’école de voile Gilles Tétreault à Oka, sur le lac des Deux-Montagnes. Plusieurs raisons motivent ce choix. La proximité avec la Petite-Nation en Outaouais, le plan d’eau similaire à la rivière des Outaouais, le bateau école est le même modèle que celui de Justine et l’école existe depuis plus de 40 ans et a une excellente réputation.

Après trois jours de formation intensive, de 8h à 17h, dans différentes conditions de vent, Justine et moi complétons la formation Initiation à la voile croisière en vue de compléter, quand le moment sera venu, les examens du brevet Croisière Élémentaire.

Depuis, Justine et moi pouvons officiellement naviguer en toute sécurité, en tant que barreur et équipier, sur un voilier jusqu’à 28 pieds gréé en sloop, muni d’un moteur intérieur ou hors-bord, dans des eaux familières, de jour, dans des conditions modérées.

J’ai envie de vous dire que si une personne de votre entourage a envie d’apprendre à faire de la voile quillard, cette formation est un très beau cadeau à faire. Elle est donnée par plusieurs écoles de voile au Québec.
Gonflé à bloc par cette formation, je décide d’appeler notre petite marina pour demander si je peux ajouter un voilier à côté de celui de Justine. La réponse est positive et j’ai un beau rabais de fin de saison!

Allez hop on ira installer Crème de menthe - notre beau Tanzer 7.5 à quille fine - à côté de Sangria. J’ai encore trop de travail à faire sur Passion - notre beau Tanzer 7.5 à quille courte que j’ai acheté spécifiquement pour naviguer sur l’Outaouais..
La descente de Sangria à 10 minutes de la maison - à Thurso - s’est bien déroulée et nous amenons Crème de menthe sur sa remorque à la même descente.
Quelle drôle (mauvaise) décision! L’eau a baissé depuis et la remorque et le voilier sont coincés au fond de l’eau. Nous passons plus de 30 heures à essayer de la faire bouger sans succès.
C’est le service de remorquage de notre marina qui viendra sortir le voilier vers le large. Notre voisin fermier viendra sortir la remorque du fond de l’eau avec son tracteur!

La meilleure façon d’apprendre à nager c’est de sauter à l’eau!

Oh, j’y pense! Nous avons touché le fond glaiseux ou sableux à quelques reprises pendant l’été sans dégât ni autre remorquage. Le niveau de l’eau sur l’Outaouais est maintenu par un barrage et peut varier. Cela dit, la plupart des touches au fond étaient bien plus dues à notre manque d’expérience, une distraction (genre observer un héron…) ou parce qu’on essayait d’aller trop proche du bord de la rivière ou d’une plage.

Point technique, Crème de menthe a un tirant d’eau de 1,22 mètre (4 pieds), Sangria de 1,04 mètre (3,42 pieds). Je mettrai tous mes efforts pour assurer que Passion - avec son tirant d'eau de 0,82 mètre (2,69 pieds) soit à l’eau en 2025. Passion est le voilier idéal (selon nous là!) pour naviguer dans l’Outaouais.
Bref. Avec Sangria et Crème de menthe côte à côte à leurs quais, on a ouvert grandes les voiles pour explorer cette Grande Rivière des Outaouais!
Sangria et Crème de menthe nous ont permis de découvrir un monde parallèle à 10 minutes de la maison.
Le traversier électrique Thurso-Clarence-Rockland offre déjà une vue incroyable sur ce plan d’eau. La Sepaq qui gère le Parc national de Plaisance a très bien compris la beauté de cette rive et la mettant en valeur par un sentier qui s’étend du poste d’accueil patrimonial de Thurso jusqu’à Plaisance. Les Iles de Thurso et l’embouchure de la rivière La Blanche offrent des mouillages étonnants et très privés.
Être barreur de son bateau à cet endroit c’est goûter à la paix, la tranquillité, un lever et un coucher de soleil parmi les plus beaux au Québec (et en Ontario).

Une quarantaine de kilomètres séparent Thurso de Fassett. Les deux villages côtiers qui sont les limites ouest et est de la Petite-Nation sur l’Outaouais.

Nous avons navigué dans cette section de la rivière dans son entièreté trois fois pendant l’été 2024. De l’ouest vers l’est 2 fois et de l’est vers l’ouest 1 fois. En transit. Sans trop s’arrêter. En se disant qu’on allait y revenir parce qu’il y avait trop d’endroits à explorer!
Un des projets que Nathalie et moi voulons réaliser est d’aller dîner avec Justine et François à la marina de Papineauville. Cette marina est juste en face, de l’autre côté de la rue, de l’école secondaire Louis-Joseph Papineau.
Leur école! Oui oui!

Nous avons essayé de réaliser ce projet en septembre 2024 mais nous sommes arrivés un peu trop tard dans la journée.
Ce n’est que partie remise, le printemps s’en vient et les voiliers seront à l’eau dès que c’est possible cette année!
En aval de Fassett sur l’Outaouais, nous changeons de MRC et de région. Les Laurentides et Argenteuil vous accueillent! Au moins jusqu’au barrage hydroélectrique de Carillon. Une autre section d’environ 30 km.
Une section où le vent peut nous donner de belles sensations!
C’est dans cette section de l’Outaouais que nous avons tiré le plus de bord (virés en faisant des ‘Z’) et mis à profit tout ce que nous avons appris pendant nos cours.
Sans jamais dépasser l’embouchure de la rivière Rouge.
Que de découvertes au cours de toues ces sorties!

Au niveau technique nous avons pu apprendre à maîtriser les différentes allures, les virements de bord, les empannages, les prises de ris, la manœuvre d’un homme à la mère, les accostages, etc. C’est une section où les conditions de vent sont superbes et où on croise de temps à autre d’autres voiliers, véliplanchistes et quelques bateaux moteurs.

C’est aussi à cet endroit que j’ai développé quelques systèmes pour me permettre de naviguer confortablement seul - sans équipier - et respecter les tolérances des membres de ma famille et mes amis dans la pratique de cette activité.
Avec Nathalie, c’est près serré, prise de ris hâtive pour diminuer le risque et allure portante le plus possible.
Garder la gîte- l’angle dans lequel le voilier se couche sur l’eau - au minimum en tout temps. Abuser du moteur si nécessaire, au besoin ou juste pour revenir plus vite! Nathalie n’apprécie pas la gîte et je dois la respecter si je veux naviguer avec elle. Un jour peut être, nous aurons un catamaran!
Avec Justine et les garçons, c’est dans le fond mon Léon! Le rail dans l’eau, des près bon plein et des travers. On ajuste les voiles pour trouver l’équilibre dans la barre.
On va vite et on s’amuse!
Parce que c’est super le fun la voile!
Nous serons prêts pour les examens de brevets et bien d'autres aventures!
Cette section de la rivière des Outaouais entre Fassett et la rivière Rouge a des attraits naturels intéressants. Quelques petites pointes et plage de sables où descendre l’ancre. La baie Atoca qui a une section bien sauvage et tranquille. La grande baie Orignal et sa plage publique. L’embouchure de la rouge et sa grande plage.

Cette section est beaucoup plus peuplée que la section entre Thurso et Fassett. On se rapproche de plus en plus de Hawkesbury et Montréal. On remarque aussi une différence marquée entre les habitations et l’urbanisme du côté québécois et du côté ontarien.
Le Château Montebello est tout proche, la traverse Lefaivre-Montebello est bien active, la marine de Lefaivre permet un accostage et un ravitaillement, au loin, la marina Riverest à L’Orignal est remplie de mâts et de voiliers.
Cela dit, les couchers et levers de soleil sont toujours impressionnants ainsi que les aurores boréales juste au-dessus de la rive québécoise.

Nous ne voulions pas vraiment que la saison se termine. Nous avons étiré au maximum avant de sortir les bateaux. Peut-être un peu trop!
La sortie de Sangria à la rampe de Montebello a été très difficile. Nous avons manqué la date de sortie des voiliers par le chariot cavalier de la marina de Papineauville.
Nous étions très inquiets parce que nous savions que Crème de menthe ne pouvait pas sortir sur une rampe - et nous avons visité toutes les rampes du côté québécois et ontarien - avec l’équipement que nous avons. Nathalie et moi avons même pensé laisser Crème de menthe dans l’eau pour l’hiver!
Heureusement il y a un autre chariot cavalier sur la rivière des Outaouais! À la Marina Leblanc - une entreprise familiale à Gatineau - et il est en opération jusqu’à ce que la rivière soit glacée! Le tout à un prix qui défie la concurrence. Quelle chance! Joie!

La distance entre Fassett et Gatineau est de +/- 70 km… ou la même distance qu’entre Miami, Florida et les îles Bimini, Bahamas! Oui, oui! Vous avez bien lu!
C’est le 18 octobre que Nathalie et moi avons pris la barre direction Bahamas… euh… Gatineau! Super préparé.
Essence, moteur de secours - parce qu'on se souvient que pour Nath un vent de face et un courant de 2 nœuds dans la proue ça crée une perte de temps! - vêtements chauds, bouffe, carte, toute notre expérience! Nous étions nerveux, heureux, parés!
Partis à 10h nous sommes arrivés à Gatineau tard le soir. Une belle chance de voir et revoir l’Outaouais presque d’un bout à l’autre. Les embouchures de rivières, les îles, les baies, les 3 traversiers et toutes les lumières de la nuit!
Un coucher de soleil hallucinant et un levé de pleine lune au même moment!

Crème de menthe a été sortie sur le chariot cavalier, déposée sur sa remorque, démâtée.
Entourée des membres de la famille et d’amis pour qui j’ai énormément de gratitude.
En plus de rencontrer la famille Leblanc - propriétaire de la marina de père en fils.
Un privilège, une passion, un mode de vie!
Dans le froid de la journée aujourd’hui, j’ai hâte à la saison 2025. Voir ce qu’elle me réserve. Ce qu’elle réserve à Justine, à Nath, aux amis et aux membres de la famille aussi.
2024 a clairement été un maudit beau road trip sur l’eau!
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